Fabien Déplanque -En Chantier...

                           Fabien Déplanque -En Chantier...

Introduction

« Si vous prenez garde aux salissures de quelques vieux murs, ou aux bigarrures de certaines pierres jaspées, il s'y pourra rencontrer des inventions et des représentations de divers paysages, des attitudes spirituelles, des airs de têtes ou des figures étranges » 

 Leonardo Da Vinci (Vinci 1452-Amboise 1519).

            Depuis longtemps déjà, une bonne dizaine d'années, je cherchais le moyen de mettre en œuvre une certaine fascination pour la matière, telle que l'on peut l'entendre dans le travail d'un Tapiés, d'un Fautrier, tout en cherchant à ne pas m'en inspirer, à m'en détacher. Certes, cette voie du matiérisme est un chemin longtemps arpenté et, de fait, connu dans ses moindres recoins, mais doit-on pour autant le déserter ? Sa boue, ses écorchures, ses ravines nous sont-elles à jamais interdites, sous prétexte de « redite », de lassitude de spectateurs au regard trop formaté par une Histoire de l'art qui a tout vu, tout vécu ? 

Lors de mes études, j'avais tenté de faire le lien entre la peinture et la peau.

D'un point de vue purement sensible, la peau, élément englobant, protecteur mais en même temps révélateur de nos états d'esprit, à mi-chemin entre l'intérieur et l'extérieur, frontière perméable, est comme La peinture (pas seulement la matière, mais l'objet-peinture) , c'est-à-dire une surface, l'enveloppe, l'indice, le révélateur d'un processus créatif, et qui se trouve finalement être le terrain de rencontre de ce matiérisme. 

Mais ces recherches débouchaient sur des impasses.

Puis j'ai rencontré cette citation de Léonard de Vinci, dans laquelle j'ai trouvé le blanc-seing que je recherchais. Je l'ai prise au pied de la lettre... Me suis mis à observer ces murs, ces surfaces martyrisées, scarifiées par le temps, me suis mis à aimer ces marques, à les chercher, les désirer puis désirer les coucher sur la toile... Était-il possible de soumettre le principe de composition aux « images » hasardeuses de ces murs, à cette absence absolue de volonté dans l'organisation de ces tâches, volutes, écorchures, ces fantômes ?

Mur de métro à New York

Paradoxalement, ces événements, bien que visibles, ou lisibles, sur la surface du mur, de la peau, de la toile, résultent de combats intérieurs, combats entre les éléments, les substances, les  matières.

 Un peu comme sur un palimpseste.

 Ces manuscrits, grattés puis réutilisés par les moines copistes du Moyen-Âge, ont laissé, avec le temps (ou grâce à des procédés chimiques), revenir en surface des fractions ou la totalité de textes précédemment inscrits.



Du sens a été caché. Supprimé. Puis un autre a été donné.

Mais le temps fait son œuvre. Comme un Chronos affamé, il dévore les prétentions humaines, les croyances, mais par mansuétude, nous rend à voir un peu de ce que nous pensions disparu...

Cette dimension qui nous dépasse, relève de ces concepts qui interférent avec le travail artistique  et qui font naître un « objet » qui, comme un enfant, nous échappe, grandit, se forge son propre corps, son propre visage...



28/02/2007
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